Bruno Cahuzac, une force tranquille

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Une rencontre est souvent le gage d’une nouvelle aventure professionnelle et celle-ci se double alors d’une aventure humaine. Entrer dans la sphère de Bruno Cahuzac permet d’approcher un chef d’entreprise qui se donne pour tâche de  fédérer les énergies et s’attache à dynamiser ses équipes.
Fort de ses réussites passées, il gère actuellement « Opali »,  expert en nettoyage de vitres à domicile, avec cette même force tranquille qui l’a fait devenir, dans son enfance, capitaine d’une équipe sportive.

Pour comprendre son parcours, il faut apprécier l’homme : ses valeurs, ses coups de cœur et ses emportements. Car, n’en doutons-pas, Bruno Cahuzac est un homme entier.

 

« J’adorais cette aventure collective, cela me faisait vibrer »

Rien ne prédestinait l’enfant timide et solitaire à accéder au-devant de la scène, si ce n’est une soif de revanche. En effet, Bruno Cahuzac n’était pas un élève brillant au sens où les professeurs l’entendent. Sensible et réfractaire à l’autorité, il se sentait souvent agressé par les autres et s’ennuyait dans les salles de classe, loin des terrains de jeu où il pouvait enfin se libérer d’une tutelle jugée trop poignante et donner libre cours à sa passion pour le sport. En digne natif du Sud-ouest, il a d’abord enfilé les crampons du rugbyman mais, grand et longiligne,  il va suivre ensuite un autre penchant, bien au-delà de ses années d’adolescence : « J’étais taillé pour le basket », précise-t-il. A l’entendre, c’est comme s’il n’avait pas pu faire autrement que de devenir un joueur émérite familier de l’univers des compétitions. Dès lors, l’élève médiocre se métamorphose en un garçon avide de victoires qui trouve dans le sport une alternative à l’étude. Le jour où il devient capitaine de son équipe, il découvre l’adrénaline que procure la conduite des hommes tout en accédant à la reconnaissance à laquelle il aspire. En définitive, cette expérience du sport, longue de quarante-cinq ans, façonnera sa définition du rôle d’un dirigeant : être, avant tout, à l’écoute de ses partenaires.

 

« Je dois à l’école ma passion de la littérature »

Bruno Cahuzac serait-il un homme à paradoxes ? On le croit solitaire et il se révèle apte à encadrer des joueurs ; on l’a classé parmi les élèves réfractaires à l’école, et il vous avoue tout à coup une passion pour … la littérature ! Peut-être faut-il mettre sous le compte de l’adolescence cette révélation, encore qu’elle se comprenne : car le livre de prédilection du lycéen, ce livre qui va changer sa vie, c’est L’Etranger. Pour la première fois, Bruno comprend l’intérêt de la lecture et dévore ces pages qu’il adore parce qu’il ressent les sensations physiques que procure le roman, baigné du soleil de l’Algérie. En même temps, il se passionne pour les aspects philosophiques et sociologiques de l’œuvre de Camus. C’est le début d’une autre passion qui s’accommode fort bien de la personnalité rebelle de l’adolescent puisque Bruno lit tout sauf la littérature conseillée à l’école ! Cela le mène assez naturellement à des études centrées autour de cet univers livresque et il s’inscrit dans un IUT « Métiers du livre ». Quelques années plus tard, on le trouve chef de rayon d’une grande librairie de Bordeaux, à l’aise parmi les rayons mais frustré de ne passer son temps qu’à attendre les clients. Il réalise que ce métier ne lui convient pas, sentiment qu’il résume aujourd’hui ainsi: « J’étais enthousiaste mais je m’ennuyais ».

 

« Il me fallait un métier »

Si le désœuvrement sévit un moment, les circonstances vont bientôt donner à Bruno Cahuzac l’occasion de commencer une carrière d’entrepreneur. Il a vingt-trois ans quand la maladie de son père l’oblige à reprendre l’activité familiale : un simple bureau de tabac mais qui va se révéler beaucoup plus qu’un simple commerce puisqu’il sera à l’origine d’une autre révélation : celle du monde de l’entreprise. Après une période de travail plutôt courte, le jeune buraliste éprouve la satisfaction d’avoir fait progresser le chiffre d’affaires du magasin au point que  la revente du dépôt, quelques années plus tard, met ses parents à l’abri du besoin. Entre temps, il s’est marié. Et une question commence à le tarauder sérieusement : celle de son avenir professionnel : « J’allais devenir papa et il me fallait un métier », explique-t-il. Heureusement, c’est l’époque où les banques cherchent des commerciaux et il se lance dans cette nouvelle aventure. Formation professionnelle, diplômes bancaires, Ecole des Cadres : le Crédit Mutuel le fait accéder du statut de simple guichetier à celui de directeur d’agence, à la tête d’une équipe de quinze personnes. Pour autant, il n’a pas atteint son but professionnel car les vieux démons le hantent à nouveau : comment supporter cet environnement autoritaire, cette hiérarchie, ces sempiternels processus qu’il juge tout simplement « ineptes » ?

 

« J’ai eu une envie plus forte que tout : goûter à la liberté d’entreprendre »

Il est temps de quitter la place… C’est à cette époque que naît, dans l’esprit de Bruno Cahuzac, le désir d’entreprendre. 2005 est l’année d’un plan qui, en France, permet de considérer désormais les services à la personne comme une entreprise. Sans expérience dans ce domaine, notre fonceur décide de s’associer à une firme nationale dont le nom est déjà connu. Ménage. Repassage. Rien d’excitant mais la demande est forte et Cahuzac sait rendre le chiffre d’affaires rapidement exponentiel. Est-on parvenu à la fin du parcours ? Non. En 2008, une nouvelle étape est franchie quand Bruno décide de créer son propre secteur d’activité. Il cherche. Il anticipe. En 2009, il est ainsi élu conseiller prud’homme et juge les affaires opposant salariés et employeurs. Pendant 3 ans, il acquiert  cette expertise en droit social qui lui permettra de mieux maîtriser le risque juridique très important dans le secteur d’activité auquel il souhaite se consacrer. Cependant, il cherche toujours une idée originale ! Il doit trouver un nouveau service à offrir… Le hasard met alors sur sa route, en 2011, un entrepreneur qui a eu l’idée d’adapter les techniques de nettoyage industriel des fenêtres afin que les particuliers puissent profiter du service. « Vitr’àdom » n’est pas une entreprise très rentable, n’est pas informatisée, n’a ni site Internet ni marge bénéficiaire importante, mais l’ancien sportif sent intuitivement qu’il y a une idée à exploiter. Il rachète la maison à la fin de l’année. 2012 sera une étape décisive…

 

«Dans les très beaux appartement bordelais, j’ai découvert des fenêtres en arêtes de poisson »

Dès lors, Bruno Cahuzac  se mue en un chef d’entreprise particulièrement efficace. Il met en place une stratégie de marketing, modernise « Vitr’àdom » et développe son chiffre d’affaires. Il change l’enseigne aussi pour offrir aux utilisateurs l’accès à un monde rassurant, doux et propre auquel il donne le nom d’ « Opali ». Le mot, inspiré d’une pierre précieuse, l’opaline, doit rappeler à l’utilisateur qu’on prend soin de lui et qu’on lui prête toute l’attention qu’il mérite. Le service se fait presque à la demande comme dans le respect des codes du luxe. Qu’il s’agisse d’une personne âgée, d’une ménagère qui craint de monter sur un escabeau, d’un particulier vivant dans une maison contemporaine aux vitres installées en hauteur, du propriétaire d’un appartement ancien bordelais dans lequel les fenêtres font quatre mètres de haut et présentent un assemblage de petits carreaux, qu’il s’agisse enfin d’un pensionnaire qui occupe un logement équipé de fenêtres en arêtes de poisson de type médiéval, le discours est le même. Une voix chuchote : « Laissez-nous faire, nous nous occupons de nettoyer en prenant soin de vous et de votre appartement ». La marque de l’entreprise correspond finalement à la personnalité de son créateur soucieux d’harmonie au sein des rapports humains. « Les passions naissent de certaines qualités que l’on a pour les faire vivre » : telle pourrait être  la phrase emblématique de la marque « Opali » car Bruno Cahuzac aime à rappeler ce genre de vérités.

 

« On ne peut gagner que si l’on propose à l’autre de gagner avec soi »

Comme tout chef d’entreprise, le dirigeant d’« Opali »  a un secret : le respect de l’autre, qu’il s’agisse du client ou du salarié attaché à la société. Il se dit très préoccupé de la relation qu’il peut nouer avec les membres de son équipe et s’efforce de faire régner une ambiance de travail sereine, en étant à l’écoute des uns et des autres. « Si l’on ne reconnaît pas les gens, si on les blesse maladroitement, on ne parvient à rien », affirme-t-il… « Opali » est ainsi un projet sur lequel tout le monde se trouve impliqué et au sein duquel, chacun peut s’épanouir et trouver son compte. Bruno Cahuzac reconnaît que la gestion humaine n’est pas facile tous les jours : « On est souvent sous pression, explique-t-il, dès lors qu’on laisse un espace de liberté à ses employés. Certains profitent de l’occasion et cela occasionne parfois des « dérapages ». L’exercice de l’autorité consiste à recadrer et c’est sans cesse un équilibre qu’il faut trouver. » Pour définir son activité de chef d’entreprise, il a recours, in fine, à une phrase métaphorique : « Je suis funambule et médiateur ».

 

Cette saga de dirigeant dont Clothilde Monat est l’auteur, a été publiée en 2015.